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.L’auteur me criait : « Enlevez votre chapeau, Mademoiselle ! il faut qu’on voie les jeux de la physionomie ! » – « Relève ta jupe, criait Auguste.Il faut qu’on voie le mouvement de la jambe !… »Et puis Willette Collie, qui jouait le Faune, s’est écriée à mon arrivée : « C’est ça la jeune fille rousse ? Mince de bâton de zan !» Elle cabriolait sur scène en maillot de bain, comme un démon, et dansait en aveugle, ses cheveux courts dégringolés sur son nez.Elle aussi s’empara de moi comme d’une bête morte, comme d’une guirlande rompue… Ah ! je n’eus pas de peine à jouer mon rôle, dès la première répétition ! Willette Collie, qui devait m’emporter à la fin de la pantomime, me jetait à terre d’une poigne si rude, me traînait avec un triomphe si convaincu et me suffoquait d’un baiser si bien imité que l’on fit un succès à ma faiblesse près des larmes, à ma supplication involontaire…« Mon petit ami exultait.Il en oublia de me réconforter, d’ajouter un mot affectueux à toutes les louanges dont on m’étourdissait.Il fumait, la tête de côté, un œil fermé, avec une gentille grimace pour éviter la fumée piquante, sans retirer la cigarette des lèvres…« Pendant deux jours, je ne sortis pas de cette géhenne.Que restait-il de moi ?… en quoi sont bâtis tous ces gens-là, capables de mimer, de parler, de crier, de se jeter à la tête des mots ignobles…– Oui, et la minute d’après, des compliments démesurés… Je sais, j’ai vu des répétitions… Ils se dépensent follement, recommencent quinze fois le même geste qui peu à peu s’épure, se précise, s’élance lumineux et parfait… Je connais ce mélange d’activité hystérique, de flemme traînarde et bougonne, de vanité obtuse, imbécile, de noble opiniâtreté… Ils rient d’un calembour idiot, pleurent pour une perruque ratée, dînent quand ils y peuvent et dorment quelquefois… Ils sont rossards, sensibles, rageurs, gonflés d’eux-mêmes, puis dévoués tout à coup…– Oh ! oui, c’est cela ! Vous donnez d’eux un raccourci caricatural, mais ressemblant, Claudine…Elle se tait, ramène sous elle ses pieds frileux et demeure dans une immobilité fataliste de bohémienne, les yeux baissés, sa natte sur l’épaule… Vite, je tire à moi le fil détendu de la belle histoire – Et après, Annie ? le jour de la première ?– Le jour de la première ?…Elle cherche, appliquée, les sourcils en arc :– Eh bien, c’était comme les deux premiers jours.– Mais le public ? le trac ? le succès ?– Je n’ai pas vu le public, dit-elle simplement.On faisait la nuit dans la salle.La lumière de la rampe me serrait le front.J’ai entendu, senti une chaude haleine, un remuement de bêtes invisibles, au fond de ce noir béant… Ma tête craquait de fatigue, et le maquillage, un maquillage anglais, rose bonbon, blanc et bleu pervenche, me tirait la peau des joues… Et la perruque, Claudine ! Sur mes cheveux déjà lourds, imaginez un fardeau de cheveux roux ondulés, bouclés, une crinière crêpée de Salomé rousse… Il fallait bien que je ressemblasse à la jeune fille anglaise réclamée par son lord de père… Mes camarades ont crié d’admiration en me voyant – mais ces excités crient pour si peu de chose, vous savez… Une tunique en crêpe de Chine blanc, des cothurnes, un panier de roses sur mes bras qui tremblaient, c’est tout…– Et alors, Annie ?– Alors, il est arrivé que j’ai eu beaucoup de succès.Mais oui.« Vingt et une fois j’ai accompli somnambuliquement mon nouveau métier, côte à côte avec Auguste, qui jouait un jeune Athénien.C’est lui, Claudine, qu’il eût fallu voir ! Lui et sa tunique lie-de-vin, ses petits genoux nerveux, ses chevilles de femme et cette attache du cou qu’il avait, un cou puissant sur des épaules fines !… Nous arrivions au théâtre, j'enduisais mon visage et mes bras, je revêtais mon casque à migraine et… ça marchait très bien jusqu’à ma grande scène avec le Faune, Willette Collie.Cette toquée s’ingéniait à varier notre duo tous les soirs, et j’en tremblais d’avance.Un jour, elle m’empoigna par les reins, comme un paquet, et m’emporta sous son bras, ma tunique et mes cheveux roux traînant en queue triomphale… Une autre fois, pendant notre baiser – le fameux « baiser » qui fit scandale et qu’elle me donnait avec une fougue indifférente, – elle insinua sa main sous mon bras et me chatouilla irrésistiblement [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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